Ce matin, France Inter. Reportage à la 24h chrono/Urgences sur un fait totalement sans interêt: un fan de Toulouse s'est fait aggresser à Belgrade.
Beaucoup de mots biens longs et angoissants qui font professionel pour décrire comment va le mec: traumatisme cranien, aggravation de l'état de santé générale, angine de poitrine avec complication thrombotique et risque de fibrilation intraventriculaire, encéphalite méningitique façon myopatie de Duchêne...amanite phaloïde anticonstitutionnelle, enfin des trucs comme ça.
Et en ouverture une déclaration du minis...enfin de Rama Yade qui a dit: "Je condamne la violence dans le sport".
Rama Yade est le genre de minis...enfin de figure politique qui a chaque fois qu'il se passe quelque chose a des déclarations toutes prêtes et totalement sans interêt dont elle change un ou deux mots en fonction des situations.
Donc un fan aggressé à Belgrade. Déjà, ils en parlent comme si le mec s'était fait aggresser dans un quartier chic: "Quelle surprise!" Enfin c'est Belgrade, connards! Et le mec est un fan de football donc je ne pense pas qu'il se prelassait gentiment sans un mot avec un bouquin de Sartre dans un café huppé du quartiers des ambassades.
Alors "un fan de sport aggressé à Belgrade". On ne sais pas si le "fan de Toulouse" fut déterminant dans l'histoire mais Rama Yade condamne la violence dans le sport.
Demain, 10 autres femmes vont mourrir sous les coups de leur mari et quand les médias arrêteront de faire l'impasse dessus, Rama Yade viendra condamner la violence dans le couple.
A la fin de l'année, le bilan des morts sur la route en France depassera encore les 5000 et Rama Yade viendra condamner la violence sur la route.
Une mémé se fait arracher son sac à main, une du journal de TF1 avec interview du boucher, du facteur, de l'épicier arabe (avec sous-titres bien qu'il parle parfaitement français) et du patron de bar/tabac avec toutes les cigarettes bien en vue derrière...Et Rama Yade condamne la violence dans la rue.
Un lion attaque une gazelle et Rama Yade condamne la violence dans la savane africaine.
C'est inutile, c'est creux, ça ne sert à rien, ça ne change rien mais ça fait parler de soi.
Et en France, les journalistes sont très contents, ils ont leur citation d'entrée. Pas de commentaire, pas d'interview poussée pour savoir ce qu'elle compte faire de concret car ils sont trop occupés à feuilleter le Dictionnaire de la Médecine afin de mettre plus de suspens dans leurs reportages débiles.