Tuesday, April 15, 2008

Syndrome chinois

Aujourd’hui encore j’ai passé un moment très agréable avec Céline sur MSN. Parfois, on n’a rien à se dire sauf quelques salutations et humanités de base mais nous pouvons aussi discuter de choses très intéressantes malgré toute la difficulté que représente une «discussion » sur MSN.

On a commencé avec Mai 68 et un programme télé ce soir sur une école qui aurait du répondre à certains (pas tous !) des idéaux d’éducations alors…idéalisés. Puis je ne sais plus comment nous sommes allés sur Tchernobyl. Ca fut la discussion de base par la suite avec un bref détour vers les nazis, l’holocauste, les communistes et la Résistance, et au milieu de tout ça le connard populassier qui nous sert de président. Enfin moi, pas avant le début Juin.

Je pensais aux avantages d’être ici, il y a quelques jours. Le côté relaxe que je ressens dans la journée. J’ai réalisé que c’était dû au fait que je n’avais pas à écouter tous les matins au réveil la litanie des mêmes flagorneries ou non-dits sur le président ou le reste, d’ailleurs. C’est intéressant de s’informer mais c’est vrai que le journalisme français m’énerve beaucoup. Entre autres…

« Entre autres » parce que je n’ai plus non plus à devoir écouter inlassablement les commentaires pathétiques des journalistes sportifs pendant des matchs de tennis qui opposent Andy Roddick (USA) a Carlo Moya (Espagne) ou Thomas Johanson (Suède) à Marat Safin (Russie). Et qui passent tous ses matchs passionnants de non-français à nous donner des nouvelles des joueurs français en les appelant tous les "nouveaux Rafael Nadal" dès qu’ils ont miraculeusement passé le deuxième tour au tournoi de Metz... No comment !



Nous parlions donc de Tchernobyl et je lui passais des sites sur la catastrophe mais également des photos de la ville maintenant où la nature a largement repris ses droits. Et je tombe sur un site avec une vidéo (tout en bas de page)

http://www.jp-petit.org/Presse/tchernobyl_mon_amour.htm

C’est un film fait par un certain Vladimir Shevchenko (rien à voir avec le joueur de foot) qui travaillait à l’époque pour la télévision d’Etat ukrainienne. Comme le dit sa fille dans la vidéo, il avait donc le droit d’aller partout et il est allé à la centrale quelques jours après que l’incendie fut maîtrisé. A un moment dans la vidéo, il est sur le toit à quelques mètres du trou créé par l’explosion. Il filme le cœur du réacteur puis des « biobots » qui dégagent les morceaux de granite qui était le toit au dessus du réacteur. Le site web nous dit que ces hommes sont donc des « biobots » car ce sont des robots vivants. Leur tache fut initialement confiée à des robots qui furent envoyés mais l’électronique n’a pas tenu le coup plus que quelques secondes dans une atmosphère aussi irradiée. On voit notamment dans le film un hélicoptère descendre trop bas et le pilot perdre le contrôle de l’appareil qui s’écrase sur la centrale, donc il fallait « quelque chose » qui un peu plus longtemps. C’est le Golden Eye de James Bond avec une différence. Sur l’image des hommes, elle nous dit qu’après plus de quarante minutes consécutives sur le toit, le corps tombe en morceau. Le cameraman a vu son état se détériorer deux jours après, je crois, et est mort en moins de deux semaines.

J’ai commencé alors à me demander ce que ça voulait dire « …le corps tombe en morceau…» et j’ai cherché et soudain j’ai pensé à Alice qui s’étonne que je sache tant de chose, à ma famille pour qui je suis Sciencinfusix depuis cet anniversaire de ma grand-mère, à mon frère qui se foutait de ma gueule quand je lui disais : « Parce que je le sais ! »

Mais voilà…cette phrase résonna dans ma tête pendant dix-quinze minutes. J’ai pensé a quelques hypothèses : les électrons en très grande concentration mais invisibles devaient forcement agir sur l’organisme mais comment ? Alors je suis allé voir sur le net et maintenant : « Je le sais ! » J’ai d’abord trouvé les manifestations des différents niveaux d’exposition à la radioactivité qui agit par ondes attaquant le corps. Et puis j’ai demandé de l’aide à Céline qui m’a trouvé le site et je sais maintenant comment agit la radioactivité. Comment une force invisible peut provoquer des leucémies, dans un des meilleurs des cas. Comment quarante minutes sur le toit de Chernobyl le 28 Avril 1986 peut faire tomber le corps en morceau. Pas littéralement, il ne va pas se déchiqueter mais véritablement s’autodétruire.

Pour savoir : tout est là ^^

http://en.wikipedia.org/wiki/Radiation_poisoning
http://tpe.radioactivite.free.fr/grand_2.htm

Je demanderai quand même à Olivier et Elise pour avoir plus d’informations afin d’être au point. Mais voilà comment je marche. Voilà ce que je fais depuis plus de quinze ans, j’écoute, je regarde, je lis et je m’arrête soudain et me demande :
« Mais, attends une minute, là ! Ca veut dire quoi ça ? Comment est-ce possible ? »
Et je regarde, je vais apprendre. Alors oui, je suis Monsieur Je-sais-tout, mais il y a une raison.

Dans le premier site dont je vous parlais, dans l’ « interview », la personne parle du syndrome chinois et je vais en profiter donc pour vous parler d’une autre catastrophe : mon père !

Le syndrome chinois vient de cette légende utilisée pour que les hommes viennent travailler sur la centrale qui dit que si on ne fait rien, le cœur en fusion va alors s’enfoncer, s’enfoncer et s’enfoncer dans la terre jusqu'à percer de l’autre côté…en Chine ! -_-‘

Personnellement, je sais ! Donc je sais que ce n’est qu’un énorme ramassis de conneries mais par contre mon père lui y croit et dur comme fer. Enfin pas dur comme fer, vous allez voir pourquoi.

Pour lui et d’autres plus simples d’esprit, le cœur en fusion de Tchernobyl qui doit faire quelques dizaines de mètres de diamètre (voir de rayon mais sans plus) va donc s’enfoncer dans la Terre. Il va donc traverser les 30 kilomètres de croûte terrestre puis se retrouver dans le manteau terrestre.

Ce manteau de magma en fusion est doublé, c’est une parka en fait, qui est épaisse de près de 3000 kilomètres, 2890 pour être précis. C’est majoritairement la lithosphère que nous pouvons voir à l’air libre lors d’une éruption volcanique; et dans laquelle évolue le magma dans un incessant mouvement relativement rapide imprimé par la rotation de la Terre. Puis nous avons l’asthénosphère qui mesure entre 100 et 700 kilomètres par endroit où le magma est plus stable mais toujours mouvant. Puis il va entrer dans le cœur, le noyau.

Ce noyau est aussi doublé. Décidément ! Je ne sais pas ce qu’il y a au centre mais il est protégé des agressions extérieures. Enfin pas tout a fait puisque le tout petit minuscule petit cœur en fusion de Tchernobyl aura réussit a coupé le magma en fusion et mouvement en ligne droite sur 3000 kilomètres sans que rien ne vienne l’altérer. Chapeau !

Et il entre dans le noyau. Un premier noyau de fer, une des molécules les plus complexes qui vient en fin de toute fusion stellaire, celle qui reste généralement dans les naines blanches après que les étoiles aient explosé. Ce premier noyau est donc fait de fer en fusion et mesure près de 2210 kilomètres. Et bien le cœur en fusion de Tchernobyl va le traverser et entrer dans le cœur à plus de 5100 kilomètres de la centrale d’où il vient. Il va pénétrer ce noyau de fer solide jusqu'à atteindre le centre de la Terre à exactement 6378 kilomètres.

Mais ce n’est pas fini ! Il n’a fait que la moitié du chemin ! Il va ressortir du cœur solide, traverser 2210 kilomètres de fer en fusion, et 3000 kilomètres de magma en fusion et en mouvement, percer les 30 kilomètres de croûte terrestre et ressortir en Chine.

Et après ?

Il va rester là où il va continuer à tomber ?

J’aimerai qu’on apprécie l’imbécillité d’une telle théorie qui stipule que la gravité va faire s’enfoncer le cœur en fusion sur 13000 km dans de la roche et du métal lourd solides et/ou en fusion jusqu'à ressortir en Chine sans le moindre problème.

Et après? Il va refaire le même chemin dans l’autre sens ou les Chinois, qui vivent donc la tête en bas avec des dispositifs spéciaux pour rester au sol, vont le voir s’envoler et tomber dans l’univers profond ?



Et bien mon crétin de père n’a aucun problème à me maintenir et me marteler que si on ne fait rien ça va arriver. Qu’une catastrophe majeure arrive si on fait rien, certes. Mais une catastrophe à l’échelle humaine.

La Terre s’est formée dans un processus d’accrétion d'une violence inimaginable pour nous dans un disque de poussière et de gaz qui s’est formé autour d’une jeune étoile dans une nébuleuse résultant probablement d’une ancienne supernovae, il y a de ça 4.54 milliards d’années. Ce n’est pas un rikiki petit cœur d’uranium en fusion qui va la faire peter.

Par contre, il pourrait bien tous nous tuer, oui. Mais la Terre, elle, était là avant, elle sera là bien après nous.

Heureusement.

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